lundi 12 janvier 2009

Note de la Fondation EAES

DIALOGUE INTERCULTUREL ET INTEGRATION

Les migrations constituent un phénomène social complexe compte tenu de leurs causes,
leurs conséquences, leurs origines et leurs destinations ainsi que pour les défis qu’elles
posent. Quelle que ait été leur intensité, selon les moments historiques, il s’est produit dans
toutes les sociétés des mouvements migratoires, intérieurs et extérieurs.
C’est pour cette raison que toutes les sociétés contemporaines sont des sociétés mixtes et
plurielles, formées par la sédimentation des courants migratoires successifs sur un territoire
déterminé. Les migrations contribuent ainsi à former et à transformer les sociétés de
destination, en même qu’elles laissent une profonde empreinte dans les sociétés d’origine.
Il y a encore quelques années, l’Espagne et d’autres pays du sud de l’Europe étaient
considérés comme des zones d’émigration. Dans le cas de l’Andalousie, notre communauté
a été traditionnellement une terre d’émigrants : faute d’études plus détaillées à l’échelle
provinciale ou locale, on estime que 800 000 andalous ont émigré entre 1960 et 1973 en
Catalogne, 250 000 à Madrid, 171 000 à Valence, 50 000 au Pays Basque, 50 000 aux
Baléares, 600 000 en France, 300 000 en Suisse et 200 000 en Allemagne.
À partir de la deuxième moitié des années soixante-dix, cette situation s’est
considérablement réduite grâce à la diminution des départs et au retour d’andalous. Les
andalous qui durent quitter notre région ont été confrontés à des coutumes, des formes de
vie et des cultures différentes, notamment ceux qui durent partir à l’étranger. Dans de
nombreux cas, outre ces difficultés, ils étaient confrontés à la coexistence dans des ghettos
urbains et aux barrières linguistiques qui accroissaient le sentiment d’isolement.
Comme conséquence des processus migratoires vécus en Andalousie le siècle dernier, nous
maintenons encore une importante population résidant hors de notre région : un andalou
sur six vit en dehors de notre Communauté. Aujourd’hui, plus de 1 650 000 andalous
résident hors de l’Andalousie.
Parmi eux, 1 560 000 andalous habitent dans d’autres Communautés Automnes,
notamment en Catalogne (700 000), à Madrid (270 000) et à Valence (218 000)1. Pour le
reste, plus de 140 000 personnes vivent actuellement à l’étranger : les pays accueillant le
plus d’andalous sont traditionnellement la France (31 516), l’Allemagne (22 784) et
l’Argentine (20 385).
Conscient de cette situation, le gouvernement andalou a proposé une série de prestations et
de droits reconnaissant les andalous de l’extérieur, les personnes d’origine andalouse et les
personnes retournant en Andalousie. Ces droits et ces prestations sont établis par la Loi
8/2006 du 24 octobre du Statut des Andalous dans le Monde, pour l’inclusion sociale de ce
collectif et pour faciliter leur retour, afin d'éviter qu'ils ne revivent l’expérience d’une
nouvelle émigration.

Mais, quel que soit le cas, les changements socio-économiques auxquels sont confrontés
les sociétés actuelles à l’échelle mondiale ont provoqué une inversion dans les flux
migratoires : notre terre d’émigrants est à présent une terre d’immigrants.
Dans le cas de l’Espagne, cette situation existe depuis la moitié des années quatre-vingts en
termes de flux annuels, et depuis le début des années quatre-vingt-dix, en termes de
nombre de personnes immigrantes résidant en Espagne en comparaison avec les espagnols
habitant à l’extérieur.
De plus, avec l’accélération des flux migratoires enregistrés ces cinq dernières années, la
proportion d’étrangers résidant en Espagne fait partie des plus élevées de l’Union
Européenne.
La croissance économique, avec le vieillissement constant de la population, génère en
Europe un besoin de travailleurs bien formés que le marché national ne peut absorber. De
cette manière, l’immigration continue à être le principal facteur de croissance
démographique dans l’UE et dans la plupart des États membres, on enregistre une
immigration nette positive.
Toutefois, la typologie de l’immigration diffère beaucoup d’un État à l’autre: alors qu’en
Autriche, en France ou en Suède, le regroupement familial est considérable, en Irlande, au
Portugal, au Royaume-Uni et en Espagne, on a enregistré un taux élevé d’immigration
pour le travail.
Au cours de la période 2001-2005, le rythme de croissance annuelle de la population
espagnole a été de 1,5%, un chiffre jamais observé dans l’histoire, et très supérieur à la
moyenne de l’UE. Cette évolution est surtout le fruit de l’entrée d’émigrants : ainsi, la
population immigrante s’est multipliée par quatre, en passant de 0,9 million en 2000 à 4
millions en 2006, un chiffre qui a continué à augmenter pour atteindre 5 220 000 personnes
aujourd’hui. Cependant, étant donné que les immigrants présentent une structure d’âge
similaire à celle de la population native, il n’y a pas lieu d’attendre que leur venue entraîne
une amélioration permanente du processus de vieillissement de notre société.
En nous concentrant sur l’Andalousie, le nombre de résidents étrangers dans notre
communauté s’est multiplié par six au cours de cette dernière décennie. Leur poids relatif
est toutefois moins important qu’à Madrid, aux Baléares, en Catalogne ou dans la
Communauté Autonome de Valence.
La population étrangère résidant en Andalousie correspond à 11,80% du total de la
population étrangère résidant en Espagne. Néanmoins, le taux de la population étrangère en
Andalousie par rapport à la population totale est de 7,53%, presque 4 points de
pourcentage inférieurs à la moyenne nationale, qui se situe à 11,33%.
Population étrangère en Andalousie (2)
Roumanie : 79.118
Maroc : 92.712
Equateur : 22.854
Royaume Uni : 99.457
Colombie : 20.848
Bolivie : 22.079
Allemagne : 24.087
Italie : 17.234
Bulgarie : 10.253
Argentine : 25.545
Autres pays : 201.600
Total : 615.787

La moitié de la population étrangère résidant en Andalousie provient de pays de l’UE
(49,94%). Ce taux à l’échelle nationale s’élève à 40,15%.
C’est pourquoi le principal contingent continue à être le contingent européen, concentré
essentiellement sur la côte, afin de profiter de meilleures conditions de vie.
En Andalousie, cinq étrangers sur dix sont des européens communautaires, puis viennent
les américains (23,7%) et les africains (20,8%).
Le plus grand groupe de population étrangère en Andalousie provient du Royaume-Uni,
suivi de très près par le Maroc et la Roumanie. Ces données changent à l’échelle de
l’Espagne, où le premier poste est occupé par les roumains (s’élevant à 13,96% du total de
la population étrangère), suivi des marocains avec 12,35% et des équatoriens avec 8,05%.
On observe que la plupart des étrangers se concentre fondamentalement dans les régions
côtières (à l’échelle provinciale, Malaga et Almeria accueillent 65,3% des étrangers, alors
que dans les autres provinces leur nombre ne dépasse pas 10%), notamment Malaga, qui
conjugue les caractéristiques d’un espace de repos pour les retraités européens, avec
l’existence d’une économie attirant de nombreuses personnes.
Almeria est un cas différent. Avec une économie où prédomine l’“agriculture sous serres”,
le besoin de main-d’oeuvre bon marché et peu qualifiée a favorisé l’arrivée de sudaméricains,
d’européens de l’Est, et notamment de nord-africains.
Les autres provinces suivent un de ces deux modèles avec une intensité moins importante,
configurant ainsi le processus migratoire en Andalousie, celui-ci étant essentiel pour
l’avenir de la communauté.
L’immigration étrangère en Andalousie présente par conséquent deux modèles:
La recherche de bonnes conditions de vie pour en améliorer la qualité. C’est le critère suivi
par la plupart des citoyens de l’UE; et l’autre modèle, l’arrivée de main-d’oeuvre peu
qualifiée, constituée dans sa majorité d’africains, de sud-américains et d’européens de
l’Est, qui, grâce au secteur le l’agriculture de l’Andalousie orientale rencontrent le motif
pour s’établir. C’est pourquoi nous pouvons affirmer qu'il existe divers groupes
hétérogènes de population étrangère en Andalousie, caractérisés par des situations
différentes, qui génèrent nécessairement des effets multiples et divers dans plusieurs
espaces de vie dans la région.
La pyramide de la population étrangère met en évidence une nette concentration de jeunes
adultes. De fait, 58% des étrangers résidant en Andalousie ont entre 15 et 50 ans, ce qui
rend manifeste son caractère d’immigration pour le travail. Cette concentration est plus
accentuée entre les étrangers provenant de pays extracommunautaires (76%), alors que les
étrangers du reste de l’UE se concentrent dans des classes d’âge supérieures.
Selon le profil des étrangers extracommunautaires, les données recueillies nous permettent
de signaler qu’il ne s’agit pas habituellement de personnes ayant une situation sociale
extrêmement précaire, mais surtout de personnes dont le niveau d’études leur permet de
constater un manque alarmant et structurel d’opportunités dans leur pays d’origine.
Ce n’est absolument pas la seule pauvreté qui pousse à immigrer en Europe, mais surtout,
la recherche de meilleures opportunités professionnelles et d’un meilleur niveau de bien-
être matériel. Avec le travail qu’ils avaient dans leur pays d’origine, ils pourraient
difficilement réussir à acquérir, par exemple, un logement. Par contre, en travaillant en
Europe, ils considèrent qu’il est possible de devenir propriétaire en quelques années, ou
d’acheter une voiture pour travailler comme taxi, ainsi en se sacrifiant (ce qui signifie vivre
dans des conditions parfois inhumaines), ils pourraient en un an déjà acquérir cet outil de
travail dans leur pays d'origine.
C’est pourquoi les secteurs de la population enclins à émigrer à l’étranger ne semblent pas
être les plus défavorisés, mais plutôt ceux qui connaissent une situation de pénurie relative
en comparaison avec leurs expériences passées et/ou leurs perspectives d’avenir.
On peut affirmer que la population étrangère extracommunautaire présente un niveau
d’études supérieur à la moyenne de celui de la population andalouse (seulement 18% des
andalous ont réalisé des études universitaires), c’est donc ce manque d’opportunités dans
leurs pays d’origine qui motive la migration.
En fait, près de 30% de cette population est allée à l’université (un taux qui atteint 36% si
l’on analyse seulement les personnes provenant de l’Europe de l’Est et d'Amérique latine),
bien que la plupart d’entre eux se consacre à des activités professionnelles non qualifiées.
Selon l’Enquête sur la Population Active(3) pour le premier trimestre 2007, la population
étrangère correspondait à 13,80% de la population active nationale, et la population non
communautaire à 9,9%. Cela démontre l’importance de sa participation sur le marché du
travail espagnol: au cours de l’année 2006, deux nouveaux emplois sur trois étaient
occupés par la population étrangère, principalement dans le commerce, l'hôtellerie et les
tâches domestiques.
Nous ne pouvons pas oublier l’influence de l’immigration dans l’activité économique, qui
génère à son tour de nouvelles opportunités d’emploi.
L’emploi devient non seulement un élément fondamental, mais aussi un facteur
déterminant dans le processus d’intégration sociale de la population étrangère, car ses
caractéristiques peuvent déterminer d’autres aspects du complexe processus de
l’intégration (logement, formation, éducation, santé…). Et dans certains cas, nous amener à
parler, en rapport avec d’autres facteurs, de processus d’exclusion.
L’emploi constitue donc un des premiers – et principaux – espaces où les étrangers entrent
en contact direct avec la population autochtone.
L’évaluation du traitement reçu par les immigrants dans le monde du travail est donc un
aspect important du type de relations qui s’établit entre les deux populations.
Dans de nombreux cas, les entrepreneurs andalous engagent les travailleurs immigrants,
mais ni le marché du travail n’est un espace stable et homogène, ni la condition
d’immigrant, d’un point de vue professionnel, n’est un statut conjoncturel. Que l’emploi
soit réellement un facteur d’intégration dépend de plusieurs facteurs, et dans ce processus il
faut mettre en place des politiques et des mesures adéquates, qui parfois ne doivent pas
avoir comme objectif exclusivement la population active immigrante, mais l’ensemble des
travailleurs partageant cette même situation indépendamment de leur nationalité.
Le travail, en tant moyen indispensable pour parvenir à une amélioration des conditions de
vie, est l’objectif initial du flux migratoire vers l’Espagne, il s’agit d’une immigration
fondamentalement économique.
Bien qu’il soit possible d’identifier des zones préférentielles dans le dynamique et
bidirectionnel processus d’intégration sociale, l’emploi et ses caractéristiques peuvent
déterminer la position et l'évolution des individus dans chacune de ses zones. Il constitue
un des aspects clés pour l'inclusion sociale de la population immigrante. Encore qu’il soit
vrai que cette même affirmation puisse s’appliquer à l’ensemble de la population, et dans
le cas des citoyens d’origine et/ou de nationalité non communautaires, qu’elle acquière une
importance particulière. Mais, de même qu'il s’agit d’un facteur déterminant de
l’intégration sociale, il peut également expliquer certains processus d’exclusion.
C’est pour cette raison que l’intégration n’est possible que si les étrangers ont accès à
toutes les sphères de la vie, et pas seulement à la sphère économique. Dans la mesure où
les personnes immigrées participent à la vie de la société, elles développent des sentiments
collectifs de référence et d’appartenance pouvant les aider à s’intégrer. L’intégration doit
être considérée dans une perspective multidimensionnelle où ses différents espaces se
trouvent entremêlés pour que les résultats obtenus dans l'un de ces espaces renforcent tous
les autres.
L’intégration, traitée dans sa totalité, plaide en faveur de la nécessité d’incorporer les
immigrants dans tous les aspects de la société, y compris les espaces, civique, culturel,
politique et éducatif. Et la fin ultime de cette démarche doit être la normalisation comme
élément d’intégration agissant tant sur les immigrants que sur la population d’accueil. Il
s'agit donc d'encourager la population immigrante à utiliser les structures de participation
existantes et destinées à la citoyenneté afin de réduire les raisons amenant les immigrants à
créer leurs propres réseaux de participation.
Dans le cadre éducatif, le majeur et le pire des inconvénients est la méconnaissance de la
langue, en ce qui concerne l’adaptation des nouveaux élèves étrangers, ceux-ci appréciant
d’ailleurs énormément la figure du professeur d’interculturalité.(4)
Ainsi, la question de l’éducation doit être une des priorités pour l’avenir. Selon Red Acoge
(fédération coordinatrice d'ONG), “l’éducation interculturelle est le principal défi de
l’immigration que le Gouvernement devra affronter dans les prochaines années”. Les
étudiants immigrants expriment le "désir de s'intégrer" et un "niveau élevé de bien-être"(5).
La plus grande différence que perçoivent les immigrants arrivés en Espagne, et celle qui
leur cause un grand niveau de stress, à savoir l’augmentation du rythme de vie, l’exigence
de travail plus importante et le contact social plus distant et plus organisé.
En ce qui concerne le rôle de la population immigrante dans la vie culturelle, nous nous
rapportons à une enquête réalisée récemment sur une partie de la population andalouse6. À
la question : « les immigrants enrichissent-ils la vie culturelle en Andalousie? », 59% des
personnes interrogées répondent positivement, alors que 25% ne sont pas d’accord. Dans
les régions avec un taux de présence d’immigrants trois fois plus élevé que la moyenne, la
proportion des réponses négatives s'élève à 30%, face à 23,8% dans les régions où le taux
de présence des immigrants est moins important, alors qu’en ce qui concerne les réponses
positives, on observe la situation inverse.
Une autre des conclusions de cette étude, c’est qu’“une forte majorité des personnes
interrogées déclare qu'elles sont favorables à ce que les immigrants résidant en Andalousie
de manière stable puissent vivre dans des conditions égales à celles des autochtones quant
à leur participation sociale et politique.
Ce consentement se manifeste de manière particulièrement frappante en ce qui concerne
les droits sociaux, et dans une moindre mesure, les droits politiques.”
Cela dit, on aboutit à la conclusion que l’immigration ne doit pas être vue comme une
problématique, mais comme une opportunité et un défi : l’incorporation à notre société
d’un nombre considérable de personnes étrangères, surtout quand celle-ci s’est produite
dans un très bref laps de temps, pose des défis auxquels il faut s’affronter. Les dimensions
et les caractéristiques de ces défis dépendent du contexte sociale, économique et politique
dans lequel s’établissent les personnes étrangères.
Les opportunités et les défis que nous pose l’immigration sont similaires à ceux auxquels
d’autres pays européens se sont affrontés avec une expérience plus étalée dans le temps
comme destination d’immigration. Face à cette situation, l’Espagne, et concrètement,
l’Andalousie compte avec l’avantage de pouvoir apprendre de ses expériences passées
dans des terres d'émigration, des succès obtenus et des erreurs commises au moment
d'intégrer la population immigrée. Néanmoins, mise à part la plus grande rapidité avec
laquelle s’est produit ce phénomène en Andalousie, notre immigration présente également
des traits spécifiques dont il faut tenir compte, comme nous l’avons déjà signalé.
Les défis de l’adaptation: en dehors des difficultés propres à la première phase d’insertion,
l’établissement durable dans la société d’accueil génère habituellement une série de défis à
moyen terme.
Dans le cas de la population immigrante, alors que la première phase est caractérisée, dans
de nombreux cas, par une part importante d’incertitude et de conditions de vie très dures,
avec le temps, et au fur et à mesure que les problèmes initiaux sont surmontés (recherche
d’un logement et d’un emploi, régularisation administrative), les objectifs prioritaires des
immigrants changent. À partir d'un certain moment, il ne s'agit plus de supporter la
situation quelle qu’elle soit, mais d’arriver à vivre dans de meilleures conditions.
L’adaptation culturelle à la société d’accueil constitue un autre défi important. Avec le
terme « adaptation », nous ne devons pas nous référer à l’abandon de toute sorte de
coutumes et de traditions enracinées dans la société d’origine, mais à la nécessité de
redessiner leur vigueur dans un nouveau contexte où les règles générales de comportement
sont définies par les coutumes de la population autochtone.
Dans certains domaines, l’arrivée d’immigrants a agi comme un réactif qui a fait apparaître
les insuffisances de notre État de bien-être, comme c’est arrivé dans le système éducatif ou
dans le système de santé, le logement ou les services sociaux. De plus, les bénéfices et les
coûts de l’immigration sont répartis de manière inégale entre différents groupes sociaux,
car, même si l’immigration est un facteur positif pour l’ensemble de la société, certains
groupes sociaux en bénéficient davantage, alors que d’autres groupes partagent des
problèmes et des insuffisances dans le fonctionnement des services publics avec la propre
population immigrée.
La présence d’un nombre important de personnes immigrantes a fait apparaître dans
différents domaines de la vie sociale tels que l’emploi, l’éducation ou le logement, des
situations de discrimination, à cause de l’origine raciale ou ethnique, qu'il faut combattre
en tant que première étape pour garantir l’égalité des opportunités.
On envisage la nécessité d’adapter ces systèmes à la nouvelle réalité qui se présente à une
population plus nombreuse, plus diverse et plurielle, et de les doter des ressources
suffisantes pour faire face aux besoins de ces nouveaux citoyens.
La structure de l’immigration dans l’Union Européenne est de plus en plus hétérogène, ses
formes et ses causes changeant considérablement. Un processus coordonné de
communication peut contribuer à réduire les préjugés et les malentendus entre les
immigrants et la population native.
Au moment de formuler des mesures pour l’intégration il faut tenir compte que la variété
de l’immigration exige des programmes distincts et différenciés, en nous efforçant
notamment d’éviter la discrimination sur le lieu de travail et de promouvoir des mesures
favorables à l’égalité des chances dans l’entreprise.
En ce sens, dans le cadre actuel où se développent des politiques publiques, apparaissent de
nouveaux paradigmes, plaidant pour un modèle d’intervention fondé sur des projets
intégraux. Comme référent de l’intervention de différentes Administrations Publiques sur
le sujet de l’intégration, nous exposons ensuite les prémisses de la philosophie du Plan
Stratégique de Citoyenneté et d’Intégration 2007-2010, mis en oeuvre par le Gouvernement
Espagnol:
- La conception de l’intégration comme un processus bidirectionnel, d’adaptation mutuelle.
- La conviction que la responsabilité du processus d’intégration et sa gestion doivent être
partagées par les différentes administrations et les acteurs sociaux, y compris les propres
immigrants, et en définitive l’ensemble de la société.
- La conception du plan comme cadre de coopération capable de dynamiser des politiques,
de regrouper des initiatives et de donner cohérence aux interventions tant du secteur public
que de la société civile.
- La nécessité d’adopter une approche intégrale ou globale, tant pour les politiques
d’immigration que pour celles d’intégration de la population immigrée.
- L’idée que les politiques d’intégration sont dirigées à la citoyenneté dans son ensemble et
que les interventions publiques doivent être orientées pour promouvoir et garantir l’accès
normalisé de la population immigrée aux services publics et privés généraux.
- L’idée que l’impulsion des politiques d’intégration doit être organisée moyennant
l’incorporation transversale des questions relatives à l’intégration de la population
immigrée à toutes les politiques publiques significatives en matière d’intégration.
Dans le cas andalou, les interventions de notre gouvernement plaide pour la pleine
intégration des personnes étrangères : l’intention est que l’Andalousie soit un "modèle"
d’intégration.
En ce qui concerne la politique d’immigration, ces interventions s’orientent vers la
sensibilisation de la population d’accueil, en envisageant l’intégration constante entre la
population vivant sur notre territoire et celle s’établissant dans notre communauté. On
prétend ainsi favoriser l’enrichissement mutuel et continu dans tous les domaines de la
société, en encourageant la population andalouse à avoir une perception plus favorable
envers l’immigration.
Une fois analysé tous ces éléments, la Fondation EAES pense que le moment actuel est
propice pour connaître les opinions de la citoyenneté andalouse sur différents aspects du
dialogue interculturel et l’intégration.
Différents secteurs de la société civile critiquent l’UE pour avoir donné la priorité à
l’exclusion et au contrôle, plus qu’à l’intégration, bien que la Commission ait souligné la
dimension de l’intégration dans les politiques d’intégration et de protection sociale dans le
cadre des objectifs communs de l’UE, afin que les États membres la fassent figurer dans
leurs politiques nationales et régionales à partir de rapports nationaux sur des stratégies de
protection et d’intégration sociale.
De plus, il faut tenir compte qu’au cours des derniers mois ont eu lieu plusieurs
événements ayant une signification spéciale tels que:
- L’approbation par l’Assemblée Européenne de la directive sur le retour des immigrants
illégaux de pays tiers, au mois de juin, qui entrera en vigueur à partir de 2010. Cette
directive établit que les États devront encourager le retour “volontaire” des immigrants
illégaux. Cette disposition n’a pas été très bien acceptée dans certaines parties du monde –
tel que c’est le cas de l’Amérique Latine –, puisqu’elle a été interprétée de telle façon que
l’Europe apparaît comme devenant de plus en plus raciste et discriminatoire et qu’elle
oublie l’histoire, vu que de nombreux pays d’Amérique latine ont été depuis la moitié du
XIXe siècle une terre d’accueil pour d’importants contingents migratoires européens.
- Célébration du 1er Sommet Européen sur les Gitans (Septembre)
- Célébration du IIIe Forum social des Migrations à Madrid (Septembre)
- On envisage à nouveau le débat sur les droits des immigrants d’origine
extracommunautaire lors des élections municipales espagnoles.
Nous posons finalement par la suite les questions suivantes auxquelles réfléchira notre
groupe de travail, formé par des citoyens andalous, ainsi que par des représentants de
différents secteurs de l’Économie Sociale dans notre Communauté:
- Quel est le motif pour lequel la population étrangère s’établit en Andalousie et
pourquoi ?
- Qu’entendez-vous par “dialogue interculturel et intégration” ?
- Quels sont les éléments jouant un rôle fondamental dans le processus d’intégration
de la population étrangère dans notre société ?
- Parmi ces éléments, quelle valeur donneriez-vous à l’emploi dans ce processus ?
- Quels sont les difficultés et les avantages de l’intégration des personnes étrangères
dans notre société ?
- Croyez-vous que le fait que l’Andalousie ait été jusqu’à encore peu de temps une
“terre d’émigrants” influence les andalous sur leur manière de percevoir la population
étrangère résidant dans notre communauté ? Dans quel sens ?
- Quelle est, selon vous, la réalité de la population autochtone et immigrée en
Andalousie en ce qui concerne l’intégration ?
- Que pensez-vous de l’intervention des Administrations Publiques en ce qui
concerne l’encouragement de l’intégration de la population étrangère dans la société
andalouse ? Que feriez-vous pour améliorer cette intervention ?
- Considérez-vous que les personnes étrangères s’efforcent de réussir leur intégration
dans notre société ? Pourquoi ?
- Quant à la société civile andalouse en général, quelles sont, selon vous, ses attitudes
et ses actions en ce qui concerne l’intégration des personnes étrangères ? Croyez-vous que
le fait d’avoir été jusqu’à encore peu de temps une société d’émigrants ait une influence
sur les attitudes et les actions de la société civile?
- Comment appréciez-vous la présence de personnes étrangères sur le marché du
travail en Andalousie ? Que pensez-vous de votre situation professionnelle aujourd’hui ?
- Quel rôle pourrait jouer l’Économie Sociale dans l’avenir pour favoriser
l’intégration ?
Nous prétendons donc rechercher plus profondément dans l’opinion de la société
andalouse le rôle que joue la population étrangère dans notre communauté, depuis une
perspective interculturelle et favorable à l’intégration dans tous les domaines, comme nous
venons de le signaler.
Les conclusions qui se dégageront de ces questions seront ajoutées au blog commun du
projet.
(1) Données extraites de l’Institut de Statistique d’Andalousie (INE)
(2) Élaboration : Observatoire Permanent Andalou des Migrations (OPAM)
Sources : INE (Institut National de Statistique) Recensement du 1er janvier 2008. Données provisoires.
(3) Données extraites de l’Institut de Statistique d’Andalousie (INE)
(4) Information extraite de www.aulaintercultural.org
(5) Données extraites d’une étude réalisée par la Faculté de Psychologie de l’Université du Pays Basque
(UPV), à plus de 1200 immigrants de première génération, provenant de Colombie, d'Équateur, du Brésil,
d’Ukraine, de Russie, du Maroc et de l’Afrique sud-saharienne (principalement du Sénégal et du Cameroun)
(6) Voir S. Rinken et M. Pérez de Yruela: Opiniones y actitudes de la población andaluza ante la inmigración.
Junta de Andalucía, Consejería de Gobernación, 2007.

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Projet CID : Citoyenneté, Interculturalité, Dialogue

"Citoyenneté, Interculturalité, Dialogue" est un projet transnational inscrit dans le programme "L'Europe pour les citoyens" de la Direction générale Education et Culture de la Commission européenne. Ce projet est porté par le Pôle européen des fondations de l'économie sociale avec la participation de 6 partenaires de 5 pays européens :
- CSV (Royaume Uni),
- Fondation EAES (Espagne),
- Fondation Macif (France),
- Fondation Pact (Roumanie),
- Fondation P&V (Belgique),
- Pour la Solidarité (Belgique).
Le but du projet est de créer une plateforme d'échanges et de réflexion sur le thème du dialogue interculturel, en comparant les perceptions et pratiques de la société civile au sein des différents états membres.
Le lancement du projet a eu lieu à Osuna (Espagne) le 22 septembre 2008, au cours duquel les partenaires des 5 pays ont choisi une thématique de travail qui fera l'objet de dialogues et de débats durant 6 mois avec un groupe constitué de 40 personnes représentatives de la société civile dans chacun des pays des partenaires.

CID Project : Citizenship, Interculturality, Dialogue

"Citizenship, Interculturality, Dialogue" is a transnational project that comes within the framework of the programme "Europe for citizens" of the Directorate-General for Education and Culture of the European Commission. The European network of foundations for social economy leads the project with the participation of 6 partners from 5 european countries :
- CSV (United Kingdom)
- EAES Foundation (Spain)
- Macif Foundation(France)
- Pact Foundation (Romania)
- P&V Foundation (Belgium)
- Pour la Solidarité (Belgium)
The goal of the project is to create a platform for exchanges and reflection on intercultural dialogue, comparing perceptions and practices of civil society within different member states.
The kick off meeting of the project took place in Osuna (Spain) on the 22nd september 2008.
There the partners of the five countries chose a working theme which will be discussed by the groups of 40 citizens created in each country, during 6 months.