mardi 20 janvier 2009

Note de cadrage de la Fondation Pact

Le dialogue interculturel peut-il contribuer à améliorer les relations interethniques entre les Roms et les non Roms dans les communautés locales roumaines?


Introduction

Les Roms sont « la minorité européenne la plus importante et la plus vulnérable; ils sont plus pauvres que d’autres groupes, plus susceptibles à tomber dans la pauvreté et à rester pauvres »[1]. Les préconditions de la pauvreté des Roms sont: un point de départ défavorable, des niveaux d’éducation faibles, une surreprésentation dans les emplois sous-qualifiés, discrimination, ségrégation de facto dans les écoles, manque de titres officiels (extraits de naissance et droits de propriété difficile à démontrer), période de transition et représentation réduite dans la vie politique locale et nationale. Tout ceci encourage la méfiance et renforce la discrimination de la population rom ce qui entraîne un manque significatif de dialogue entre les Roms et les non Roms.

Parmi les pays de l’Europe centrale et de l’est, la Roumanie compte le nombre le plus élevé de citoyens roms – entre 1 et 2 millions (Banque Mondiale). Même s’il existe un manque considérable de données récentes recueillies en ce qui concerne les Roms, la population rom de Roumanie est estimée entre 4,65% et 11,52% de la population totale (rapport OSI, 2006).

Malgré les actions du Gouvernement ainsi que les tentatives de la société civile de réparer l’exclusion sociale de la communauté rom, les organisations non-gouvernementales nationales et internationales continuent à relever encore une large série de problèmes. L’auto-marginalisation, particulièrement parmi les jeunes Roms des petites communautés, est un problème pressant qui provient du manque de confiance et de la négation de leur propre identité, en lien étroit avec les traditions et la culture des Roms qui sont rejetées par la société dans son acception plus large. Enfin, dans la plupart des communautés, l’intégration des Roms signifie que les Roms sont assimilés au reste de la communauté et cela arrive généralement quand ceux-ci adhèrent aux traditions locales. Il est généralement connu que l’auto-marginalisation et la discrimination continue contre les Roms proviennent d’une méconnaissance de la culture rom (même par les Roms mêmes), ce qui est souvent évoqué par les non-Roms comme un des facteurs principaux de ségrégation.

Par conséquent, pour la Roumanie, la nécessité de se concentrer sur le dialogue interculturel et sur l’intégration dérive de toutes ces nombreux problèmes auxquels les Roms se confrontent encore, plus particulièrement dans les communautés locales: ségrégation, discrimination dans le domaine de l’emploi, des droits au logement, de l’éducation et de la santé, utilisation excessive de la force dans les communautés roms, administration raciale de la justice et discrimination des femmes et des enfants roms[2]. La Fondation PACT considère qu’une bonne compréhension des cultures et une coopération directe de la population majoritaire et de la population minoritaire pourraient engendrer des relations inter-communauté plus stables et d’une meilleure qualité et mettre les fondements pour l’appui au développement de la communauté visée.

Un peu d’histoire

Les premières attestations des Roms, sous le nom « d’atsiganos », sur le territoire de la Roumanie datent de 1385 dans un document de donation de Dan Ier au Monastère de Tismana. Les Roms étaient des esclaves depuis des siècles, depuis leur arrivée sur le territoire roumain (depuis le XIVème siècle jusqu’à la moitié du XIXème siècle). En 1856, les Roms ont été libérés, mais ils n’ont pas bénéficié de suite de mesures de dotation en terrains et beaucoup d’entre eux se sont retrouvés dans une situation de pauvreté extrême. Ce n’est qu’à l’entre deux guerres que, grâce à la modernisation générale de la société roumaine, certains Roms ont pu accéder à un statut social supérieur. Pourtant, même à cette époque, vu les préjugés profonds contre les Roms, la majorité des intellectuels, des artistes etc. n’a pas avoué faire partie de cette ethnie. C’était la première fois que naissait un mouvement national. Mais, pendant la deuxième guerre mondiale, les Roms devaient de nouveau traverser des difficultés, puisque 36 000 Roms sont morts pendant la déportation en Transnistrie entre 1942 et 1944. Après cela, le communisme est arrivé avec des politiques d’assimilation: les populations roms nomades étaient forcées de devenir sédentaires et confrontées à un programme systématique d’éradication de l’identité rom.

De plus, il est nécessaire à notre avis de faire une précision concernant les noms qui produisent beaucoup de confusions parmi les Roms et les non Roms; la connaissance des origines de ces noms pourraient constituer un pas, il est vrai, petit mais important vers la clarification des raisons pour lesquelles le terme « ţigan » (tsigane) est chargé de connotations négatives et devrait être évité.

Conformément à une hypothèse généralement acceptée, les Roms ont été confondus avec les membres d’une secte chrétienne de l’Asie Mineure qui étaient des magiciens renommés; donc, le nom attribué aux Roms, atsiganos (« intouchable ») constitue la racine pour les noms qu’on utilise largement dans plusieurs langues pour décrire les Roms: ţigani en roumain, bulgare et hongrois, tsiganes en français, zingari en italien, zigeuner en allemand etc. En même temps il y avait un mythe selon lequel les Roms venaient d’Egypte, c’est pourquoi les Roms ont été surnommés « Egyptiens », ce qui est devenu gypsies en anglais et gitanos en espagnol.

D’une autre part, « Rom » est un mot très ancien de la langue romani, utilisé pour indiquer l’appartenance à l’ethnie rom. Conformément à une hypothèse bien argumentée, ce terme dériverait du mot prakrit « dom » qui signifie « humain/ homme ». L’évolution phonétique naturelle a transformé le mot « dom » en « rom ».

L’histoire des Roms en Roumanie montre que cette minorité a dû endurer principalement des situations désavantageuses: ils ont été esclaves pendant la moitié d’un siècle, ils ont été déportés pendant la deuxième guerre mondiale et ils ont été assimilés de force pendant le communisme. L’histoire montre alors que la population rom a été constamment forcée à chercher des modalités pour faire face à une condition permanente de démunis.

Il est par conséquent tout à fait concevable que les démarches qui cherchent à aborder les problèmes auxquels se confrontent les Roms prendront une longue période de temps. Cependant, l’approche complémentaire et compréhensive de tous les programmes développés dans ce domaine constitue un pré-requis; ceci signifie également que la promotion du dialogue interculturel est une autre condition nécessaire, tout comme les projets concernant l’éducation, le logement, la santé, l’emploi etc.

En Europe, la démarche principale réalisée de ce point de vue a été la Décennie de l’inclusion des Roms (2005 – 2015), lancée en réponse à tous ces facteurs qui affectent la communauté rom en Europe (et pas seulement). Cette décennie est soutenue par l’Institut pour une société ouverte (Open Society Institute), la Banque Mondiale, la Commission européenne, le Conseil de l’Europe, PNUD et par huit pays de l’Europe centrale et de l’est (y compris la Roumanie). Pendant cette décennie, toutes les parties impliquées ont décidé de s’occuper des problèmes essentiels de la population rom, comme l’éducation, le logement, l’emploi, la santé et la lutte contre la discrimination.

En Roumanie, le Gouvernement a mis en place plusieurs programmes, même si la période la plus active n’a démarré qu’après 2000 – il reste donc beaucoup de choses à faire dans des domaines très variés concernant les Roms. Le Gouvernement a finalement publié un Arrêté en 2004, (No. 1703/2004) sur la création et l’organisation de l’Agence Nationale pour les Roms, dédiée aux problèmes spécifiques de cette population. Les principaux projets liés aux politiques sur les Roms sont les suivants: la stratégie gouvernementale d’amélioration de la situation des Roms 2001 - 2010 (HG230/mai 2001, adoptée en 2001 et actualisée en 2006); le Plan National de lutte contre la pauvreté et de promotion de l’inclusion sociale 2002-2012; PHARE RO 9803.01: « Amélioration de la situation des Roms » – 2 millions d’euros.

Avant d’entrer dans le dialogue interculturel entre les Roms et les Roumains, il est très important de souligner quelques aspects culturels et sociaux clés afin d’avoir une image plus claire des différentes réalités en Roumanie.

· Les Roms sont une population très hétérogène socialement, économiquement, culturellement et historiquement. Les auteurs parlent de l’existence de plusieurs histoires des Roms en Europe plutôt que d’une seule.

· Les Roms comme nomades – un trait culturel très reconnaissable des Roms à travers l’histoire, même si cela a changé avec le temps et les Roms sont devenus de plus en plus sédentaires. Pourtant, le fait d’avoir été nomades a influencé leurs modes de logement; plus précisément, cela pourrait expliquer les maisons petites et pauvres situées à la périphérie des localités. Donc, d’un point de vue traditionnel, les maisons sont petites et improvisées à cause de l’accent sur le mouvement et sur la nécessité d’être prêt à repartir.

· Le noyau de la communauté et la forme principale d’organisation est la famille, dans sa version étendue. Pour certains peuples roms, le mariage est généralement vu par les familles comme une forme d’arrangement social.

· Même si considérée comme une caractéristique culturelle significative, seulement 40% des Roms parlent la langue Romani. Ceci est dû aux politiques d’assimilation forcée du passé ainsi qu’au processus naturel d’assimilation. Il y a donc des cas de communautés entières qui ont perdu la langue Romani mais qui peuvent encore être identifiées comme des communautés roms.

· La langue Romani (originaire de l’Inde du nord et influencée par des langues différentes comme le perse, l’arménien, le grec) n’est pas unique à tous les Roms; il existe au contraire des dialectes variés. Ceci est dû à l’absence d’une culture écrite et à l’existence d’une langue essentiellement orale.
· La religion et un autre trait culturel qui ne peut pas être vu comme une caractéristique fédératrice pour les Roms habitant en Roumanie. En général, les Roms ont adopté la religion de la région où ils habitaient; donc la plupart sont Orthodoxes. Pourtant il faut remarquer qu’il existe de plus en plus de communautés roms qui adoptent une religion neo-protestante, plus particulièrement le pentecôtisme et le baptisme.

· Le talent musical est une caractéristique qui est très reconnaissable dans les communautés roms, e il est également vrai que les Roms (à la différence de toute autre minorité vivant en Roumanie) ont contribué en grande mesure au développement et à la conservation du folklore roumain (Barbu Lăutaru, Fanfara Ciocârlia, Taraf de Haidouks).

· Les Roms en Roumanie: les travailleurs du bois roms étaient le groupe le plus important parmi les esclaves des seigneurs et payaient à ceux-ci une quantité précise d’or extrait des rivières qui traversaient la Moldavie et le Pays Roumain. Ils pouvaient pratiquer cette occupation que pendant les saisons chaudes de l’année; pendant l’hiver, les travailleurs du bois roms descendaient dans les régions de plaine où ils transformaient le bois en vaisselle, plus particulièrement des cuillères, des plats et des passoires, et pour cela ils ont été appelés les gens qui font les cuillères; les Roms voyageurs travaillaient le fer; dans le passé, c’étaient les meilleurs dans ce domaine. Des documents anciens les décrivent comme étant fréquemment sollicités par les seigneurs pour fabriquer des outils et des armes; les Roms chaudronniers travaillaient le cuivre et fabriquaient des chaudrons, des plats et des alambics; les fabricants de peignes confectionnent des peignes en os; les Roms orfèvres font des bagues et d’autres bijoux en or et en argent; les Montreurs d’ours avaient l’habitude de promener des ours dressés dans différents villages et foires et de les faire danser; les Roms étameurs s’occupent de l’étamage du cuivre fait par les chaudronniers; les Roms palefreniers vendent et achètent des chevaux; les Roms fondeurs de cloches réalisaient les cloches des églises qu’ils faisaient aussi sonner.

· L’auto-identification ethnique est un aspect important puisque – dû à la discrimination et stigmatisation étendues – la majorité des Roms est tentée de nier et cacher son identité; dans un sondage réalisé par la Fondation pour une Société Ouverte (the Open Society Foundation) en 2007, 45% se sont déclarés des Roms roumanisés – des Roms qui conservaient une petite partie de la culture rom et qui avaient assimilé une vaste partie de la culture roumaine. La même étude montre que 23% se déclarent comme « juste un tsigane » alors que 18% se déclarent comme appartenant à un des peuples roms.

De plus, le système éducatif roumain a soutenu jusqu’à présent l’approche « mono-culturelle », concentrée sur la culture roumaine. Cette approche qui ignorait la présence d’autres minorités ethniques dans l’histoire a favorisé l’assimilation de ces groupes. Ceci pourrait partiellement expliquer pourquoi la majorité des Roms ne connaissent pas leur propre histoire et culture. Il est impératif que le système éducationnel roumain comprenne des cours optionnels dans le programme qui enseignent des informations concernant l’histoire et la culture des Roms (tout comme celles des autres minorités aussi). Ceci devrait venir compléter une promotion active d’une perspective interculturelle visant à améliorer la connaissance interculturelle et la communication de tous les groupes ethniques.

En ce qui concerne les autres groupes de minorités (les Hongrois) il est beaucoup plus simple de présenter des informations sur leur histoire et culture grâce à l’existence des écoles en langue maternelle et à la présence d’éléments d’identité offerts par un pays mère ou une culture écrite. Et il serait beaucoup plus difficile de réaliser ceci pour la minorité rom même s’ils représentent une minorité dans tous les pays européens puisqu’ils n’ont pas développé de culture écrite. Dans la majorité des cas, les Roms vivent dispersés dans des localités peuplées par d’autres populations ethniques et les élèves roms généralement vont à l’école avec leurs collègues roumains et hongrois. Ceci ne conduirait sans doute pas à des effets négatifs si la discrimination n’était pas choisie comme outil pour gérer ce genre de situation. Dans ce contexte, il est fortement recommandé que les professeurs encouragent le dialogue interculturel dans tous ses aspects.

Pourquoi le dialogue interculturel?

Vu tous les aspects ci-dessus et le fait que l’intégration des Roms est un pré-requis non seulement en Roumanie mais partout en Europe, la Fondation PACT envisage de l’aborder en mettant les bases pour un cadre de dialogue interculturel.

Ainsi, la Fondation PACT propose un sous-thème identifiant des moyens de dialogue interculturel en vue d’améliorer la perception des Roms et des Roumains, dans le but d’une meilleure collaboration et participation au développement des communautés, et donc c’une intégration réelle des Roms dans les communautés locales, dans les localités où, par ses programmes et projets, la Fondations PACT a développé l’initiative citoyenne parmi les membres de la communauté.
La Fondation PACT est intervenue dans le développement communautaire dans le sud de la Roumanie – dans les régions de Muntenia et Oltenia – depuis 2002. Notre équipe a travaillé avec des groupes de personnes défavorisées dans les communes rurales ainsi que dans les communes urbaines de petites et moyennes dimensions. Dans beaucoup de ces communautés, la situation des Roms est très diverse: il existe des communautés où les Roms sont complètement assimilés et il n’y a pas de différences visibles par rapport aux Roumains – et là les relations sont relativement bonnes; il existe des communautés où les Roms gardent leurs caractéristiques culturelles propres et les relations sont fondées sur les intérêts communs, pourtant les deux groupes sont assez distincts ; et il existe enfin des communautés où la distance entre les Roms et les Roumains est très claire, leurs relations étant à la limite du conflit.

Au début de mai 2008, la Fondation PACT a commencé à travailler au sein d’un projet Phare dédié à la formation professionnelle de 150 Roms dans le judet d’Argeş. A travers le développement du projet, l’équipe a pris conscience progressivement des problèmes auxquels se confrontaient les Roms dans la région et plus particulièrement du fait qu’il existe une absence importante de contact entre la majorité des communautés roms et les communautés roumaines.

Dans une commune en particulier - Călineşti, la Fondation PACT a observé que les membres des communautés rom et roumaine ne connaissaient pas seulement un phénomène de ségrégation physique mais ils étaient également méfiants à l’idée de collaborer entre eux. Plus précisément, au sein de deux projets PACT, l’équipe s’est confrontée au refus, surtout de la part des Roumains d’inclure les Roms habitant dans le village de la Valea Corbului (appartenant à la commune de Călineşti) dans le processus de prioritisation des besoins des catégories défavorisées.

Dans ce contexte, la Fondation PACT a considéré que les réunions du projet Citoyenneté, Interculturalité, Dialogue pourraient être organisées dans cette communauté afin de réunir les Roumains et les Roms et de mettre les bases pour l’intégration de la minorité.

La commune de Călineşti est située dans les sud est du judet d’Argeş; les données officielles délivrées par la mairie affirment qu’il existe 11 260 habitants y compris 668 Roms, même s’il paraît qu’en fait environ 1500 Roms vivraient dans le village de Valea Corbului dans 450 foyers. Le village de Valea Corbului, habité exclusivement par des Roms, est situé à 12 km du centre de la commune; il y a là, plus précisément, des Roms Rudari qui ne parlent pas Romani. Dans leur village, il existe une seule école primaire (classes I-IV) avec une école maternelle. Il y a beaucoup de problèmes que les gens de ce village doivent affronter: absence de route goudronnée, de ressources d’eau, de services médicaux, de pharmacie, de logements décents et d’emploi. Les familles sont pauvres, il y a une coopération très faible avec l’administration publique locale et il n’y a pas de Roms dans les institutions publiques.

Les 5 réunions locales à organiser au sein du projet CID dans cette commune, réunissant des Roms et de Roumains ont vocation à identifier et faciliter des discussions concernant des moyens efficients et efficaces par lesquels le dialogue interculturel pourrait améliorer les relations entre les Roms et les Roumains dans cette localité ou les Roms et les Roumains appartiennent à la même entité administrative mais vivent complètement séparés. Comme il a été présenté ci-dessus, la situation identifiée par la Fondation PACT nécessite une stratégie qui ne devrait pas se concentrer que sur le dialogue interculturel per se, mais devrait envisager d’aller plus loin que les 5 réunions et réunir les deux communautés, grâce à cela.

Dans le contexte donné, la question principale est: le dialogue interculturel peut-il contribuer à l’amélioration des relations interethniques? Et cela supposerait:
- Dans quelle mesure nous connaissons notre culture et celle des autres? (avec un accent sur la culture rom)
- Qui définit la culture/identité rom et roumaine?
- Dans quelle mesure nous comprenons et nous acceptons les spécificités des autres ethnies?
- Qu’est-ce que nous pouvons faire (quels seraient les moyens) d’avoir de meilleures relations entre Roms et Roumains grâce au dialogue interculturel?
- Comment les deux communautés qui sont séparées géographiquement pourraient participer au dialogue interculturel et au développement communautaire?

Toutes ces questions seront abordées à l’aide de différentes discussions et sujets de travail que la Fondation PACT mettra en place dans les communautés interethniques de Roumanie, avec l’appui des experts, afin d’identifier des moyens par lesquels les relations entre les Roms et les Roumains ont influencé le processus de développement communautaire/facilitation, la mesure dans laquelle le bon développement de projets locaux a dépendu de la qualité des relations interethniques et si les Roms et les Roumains travaillant ensemble ont contribué (et de quelle manière) à une amélioration des relations interethniques ou vice-versa.

La Fondation PACT s’assurera que les deux groupes (c'est-à-dire les Roms et les Roumains) aient une large représentation et que les cinq réunions aient lieu alternativement dans les villages roumains et roms.

Dans quelle mesure nous connaissons notre propre culture et celle des autres? (avec accent sur la culture rom)[3]

Première réunion (décembre 2008)
Prenant en considération la question de la stigmatisation, ainsi que le degré très faible d’auto-identification ethnique de la part des Roms et le manque de connaissance des Roumains en ce qui concerne la culture rom, l’équipe PACT considère qu’avant de vraiment ouvrir un dialogue interculturel, il serait nécessaire de se concentrer sur la présentation de quelques aspects historiques et culturels clés concernant les Roms. Ainsi, la réunion initiale devrait servir comme prise de conscience culturelle encouragent l’estime de soi pour les Roms et motivant les deux groupes à interagir dans les réunions suivantes. Le débat serait déclenché par la présentation d’informations sur l’histoire et la culture des Roms, ainsi que par la clarification des termes clé (ţigani, tsiganes, Rom) et par la mise en évidence de modèles roms.

Comme le deux communautés visées sont séparées et qu’il existe déjà une histoire de manque de communication et de collaboration, la Fondation PACT animera la réunion d’une façon plus informelle et souple afin d’assurer la participation des deux groupes dans les réunions suivantes.

Qu’est-ce qui définit la culture/identité rom et roumaine? Dans quelle mesure nous comprenons et nous sommes capables d’accepter les spécificités d’autres ethnies?

Deuxième réunion (janvier 2009)

La deuxième réunion mettra en évidence l’importance de connaître la culture des autres ; elle réitérera quelques références culturelles essentielles sur la culture rom et se concentrera également sur la culture/les traditions roms et roumaines; ainsi les groupes auront l’opportunité de présenter leurs propres traditions et leur vision sur ce qui définit leur culture. Le débat entre les deux groupes devrait faire ressortir cela et montrer dans quelle mesure il y a une assimilation des traditions roumaines de la part des Roms et dans quelle mesure les deux groupes connaissent, comprennent et sont disposés à accepter l’identité de l’autre.

Qu’est-ce que nous pouvons faire (quels sont nos moyens) pour construire de meilleures relations entre les Roms et les Roumains grâce au dialogue interculturel?

Troisième réunion (février 2009)

Cette réunion visera à faciliter un dialogue entre les deux groupes en vue de générer une activité basée sur l’échange interculturel; les animateurs de la réunion encourageront et soutiendront les deux groupes à prendre une décision sur l’organisation d’une activité interculturelle d’une manière participative.

En réunissant les Roms et les Roumains dans une activité qui mettrait en valeur les deux cultures, la Fondation PACT essaye d’assurer un dialogue interculturel authentique, des relations durables entre les deux groupes ainsi qu’une implication plus importante des Roms dans les activités de développement communautaire et dans les institutions publiques locales.

Le résultat de cette réunion sera décisif pour l’organisation des deux rencontres suivantes, puisque les deux groupes décideront ensemble sur les activités interculturelles. Plus précisément, celles-ci pourraient avoir lieu en avril lorsque les vacances de Pâques pourraient offrir un contexte approprié pour le dialogue interculturel et/ou en juin lorsque l’année scolaire est finie et qu’il y a des occasions de célébration ensemble avec les enfants des deux communautés.

Quatrième et cinquième réunion (avril et juin 2009)

Conformément au résultat de la troisième réunion, la quatrième et la cinquième réunion fourniront l’opportunité de prendre des actions concrètes dans le sens du dialogue interculturel. Ainsi, les deux groupes pourraient prévoir et mettre en pratique les activités ci-dessus. L’expertise de la Fondation PACT en ce qui concerne la planification participative ainsi que l’expérience de l’animateur dans les relations interethniques seront largement utilisées dans la facilitation de ces réunions.



Bibliographie:

“Elements of Roma history and culture” – guide for teachers (« Eléments d’histoire et de culture des Roms » - guide pour les enseignants); édité au sein du programme Développement éducationnel de la communauté rom par la Fondation pour une Société Ouverte Roumanie avec l’appui du Programme Matra Program des Pays Bas

“Roma Inclusion Barometer” (« Le baromètre d’inclusion des Roms ») – Gabriel Badescu, Vlad Grigoras, Cosima Rughinis, Malina Voicu, Ovidiu Voicu – Fondation pour une Société Ouverte Roumanie 2007

“Inclusion and exclusion of Roma in the contemporary Romanian society” (« Inclusion et exclusion des Roms dans la société roumaine contemporaine ») – Edité par Gabor Fleck et Cosima Rughinis – SPER – Stop the Prejudices against the Roma ethnicity (Stop aux préjugés contre l’ethnie rom), financé par l’Union européenne par le programme Phare 2004, Bucarest 2008

“Roma Inclusion – Lessons Learned from OSI’s Roma Programming” (« L’inclusion des Roms – leçons apprises de la Programmation OSI sur les Roms »)– édité par Bernard Rorke et Andre Wilkens, Open Society Institute, New York 2006

“Roma – stories of life” (« Les Roms – des histoires vécues ») – Coordonné par Malina Voicu et Claudiu Tufis, Fondation Soros Roumanie 2008

“Did You Know...” (« Vous saviez que… ») – brochure de présentation des principaux éléments historiques et culturels des Roms, édité au sein du projet « Renforcement de la capacité institutionnelle et développement des partenariats en vue de l’amélioration de la perception et des conditions de vie des Roms », une campagne du Secrétariat Général du Gouvernement et de l’Agence Nationale pour les Roms, 2007

‘Multicultural Education, Roma in School’ (« Education multiculturelle, les Roms à l’école »), 2006, Save the Children Romania – Coordinateur: Gabriela Alexandrescu, Marilena Mamina

‘History and Roma Traditions’ (« Histoire et traditions des Roms »), Save the Children Romania – Auteurs: Delia Grigore & Gheorghe Sarau, Coordinateur: Gabriela Alexandrescu, Edité par: Miralena Mamina, 2006

Présentation de la situation des Roms en Roumanie à l’attention de la Commission Européenne lors du rapport 2006 sur le pays – Romani Criss, Roma Centre for Social Intervention and Studies (Centre rom pour l’intervention sociale et les études)

Open Society Institute, Programme européen de suivi et de soutien, Programme d’appui à l’éducation, Programme de participation des Roms – Egalité d’accès à une éducation de qualité pour les Roms, Rapports de suivi, 2007
[1] Pogany, Istvan (2006) – ‘Minority Rights and the Roma of Central and Eastern Europe’ (« Les droits des minorités et les Roms en Europe centrale et de l’est »). Human Rights Law Review, 6:1, 2006, pp.1-25
[2] Présentation de la situation des Roms en Roumanie à l’attention de la Commission Européenne lors du rapport 2006 sur le pays – Romani Criss, Roma Centre for Social Intervention and Studies (Centre rom pour l’intervention sociale et les études)
[3] Même si un dialogue interculturel nécessite aussi un accent sur la culture roumaine, l’équipe se concentrera plus précisément sur la culture rom puisque la première est enseignée dans les écoles alors que la dernière reste largement inconnue même aux Roms mêmes.

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Projet CID : Citoyenneté, Interculturalité, Dialogue

"Citoyenneté, Interculturalité, Dialogue" est un projet transnational inscrit dans le programme "L'Europe pour les citoyens" de la Direction générale Education et Culture de la Commission européenne. Ce projet est porté par le Pôle européen des fondations de l'économie sociale avec la participation de 6 partenaires de 5 pays européens :
- CSV (Royaume Uni),
- Fondation EAES (Espagne),
- Fondation Macif (France),
- Fondation Pact (Roumanie),
- Fondation P&V (Belgique),
- Pour la Solidarité (Belgique).
Le but du projet est de créer une plateforme d'échanges et de réflexion sur le thème du dialogue interculturel, en comparant les perceptions et pratiques de la société civile au sein des différents états membres.
Le lancement du projet a eu lieu à Osuna (Espagne) le 22 septembre 2008, au cours duquel les partenaires des 5 pays ont choisi une thématique de travail qui fera l'objet de dialogues et de débats durant 6 mois avec un groupe constitué de 40 personnes représentatives de la société civile dans chacun des pays des partenaires.

CID Project : Citizenship, Interculturality, Dialogue

"Citizenship, Interculturality, Dialogue" is a transnational project that comes within the framework of the programme "Europe for citizens" of the Directorate-General for Education and Culture of the European Commission. The European network of foundations for social economy leads the project with the participation of 6 partners from 5 european countries :
- CSV (United Kingdom)
- EAES Foundation (Spain)
- Macif Foundation(France)
- Pact Foundation (Romania)
- P&V Foundation (Belgium)
- Pour la Solidarité (Belgium)
The goal of the project is to create a platform for exchanges and reflection on intercultural dialogue, comparing perceptions and practices of civil society within different member states.
The kick off meeting of the project took place in Osuna (Spain) on the 22nd september 2008.
There the partners of the five countries chose a working theme which will be discussed by the groups of 40 citizens created in each country, during 6 months.